Accusé de blasphème, il est lapidé et meurt en priant, comme Jésus, pour ses ennemis. Le jeune Saul, qui gardait les vêtements des bourreaux, bénéficiera de sa prière et deviendra l' apôtre Paul.
Ivan Slezyouk naquit, le 14 janvier 1896, en Galicie dans un village près de Jivatchiv au sein d' une famille ruthène de rite uniate, non loin de la ville de Stanislawow - ou Stanislau en allemand* - dans une région montagneuse près des Carpathes. Cette région faisait partie de l' Empire Austro-Hongrois.
Après la première guerre mondiale et la guerre civile qui opposa Ukrainiens et Polonais, sa région natale fut incorporée à la nouvelle Pologne indépendante. 70% des habitants étaient Ukrainiens: majoritairement Ruthènes de rite uniate, c' est-dire de même rite que les Orthodoxes, mais reconnus depuis le XVIème siècle par l' Eglise Catholique Romaine. Un peu plus de 20% de la population étaient Polonais de rite latin, enfin 7% étaient Juifs, le reste dispersé dans des communautés rurales d' origine germanique se partageant entre le Protestantisme ( un fort courant piétiste s' y développait depuis le XIXème siècle ) et le Catholicisme.
Il reçut en 1923 l' ordination presbytérale de rite uniate ( ou gréco-catholique tel qu' il aussi appelé ) et exerça dans différentes paroisses. En septembre 1939, la région fut envahie par les Soviétiques et en 1941 par l' armée allemande. A nouveau, en 1945, l' Armée Rouge prit le contrôle de la région après avoir chassé les Allemands et intégré l' ancienne voïvodie de Stanislawow à l' Ukraine Soviétique.
Ivan Slezyouk avait eu le temps de recevoir l' odination épiscopale des mains de Mgr Grégoire Khomychyne**, en tant que coadjuteur avec droit de succession pour l' Eparchie de Stanislawow. Après la mort de Mgr Khomychyne à l' infirmerie d' une prison de Kiev, Ivan Slezyouk lui succéda à la fin de l' année 1945. Mais ce fut une succession de principe, car il était emprisonné lui-même depuis le 2 juin précédent...
Depuis la libération du territoire et la défaite des Allemands, toute trace de christianisme militant était sévèrement combattue par les Soviétiques ; et la hiérarchie uniate - jugée pro-occidentale et accusée d' avoir été épargnée par les Allemands - fut sévèrement frappée : évêques emprisonnés ou déportés, prêtres martyrisés, religieux et religieuses dispersés, sans parler des disparus ; tandis que les lieux de culte étaient détruits ou destinés à d' autres usages ( granges, garages, cinémas...) ou bien transférés à l' Eglise Orthodoxe. Cette dernière avait été gravement persécutée par les Bolchéviques ; mais le pouvoir stalinien ayant eu besoin pendant la guerre des forces morales de la Russie avait " légèrement " levé la pression et dans l' immédiat après-guerre avait " offert " un certain nombre d' églises uniates aux Orthodoxes en signe de reconnaissance. Toujours diviser pour mieux régner...Il va sans dire que la répression devait se poursuivre par la suite de manière plus insidieuse pour les deux Eglises.
Mgr Slezyouk devait méditer tout cela dans le goulag où il était enfermé près de Vorkhouta. En 1950, il fut transféré en Mordovie, région autonome de la Russie Soviétique, au régime moins sévère. En novembre 1954, il fut libéré. Staline était mort depuis quelques mois.
Il put donc pour la première fois exercer discrètement ses fonctions épiscopales. En 1962 en pleine guerre froide, il fut à nouveau arrêté et condamné à cinq ans d' emprisonnement. L' athéisme prôné par le régime devait être victorieux dans la lutte pour l' édification du socialisme. Relâché le 30 novembre 1968, il put continuer à exercer sous le contrôle du KGB. il était en effet régulièrement convoqué pour des " conversations ", la dernière particulièrement éprouvante ayant eut lieu deux semaines avant sa mort.
Malgré l' opposition du régime, Mgr Slezyouk put sans relâche continuer à distribuer les sacrements et à organiser son Eglise, vestige d' un ancien monde pour les autorités de l' URSS qui considéraient ses fidèles comme des citoyens de seconde catégorie. Il mourut près d' Ivano-Frankovsk ( nouveau nom de Stanislawow ) le 2 décembre 1973 sous le régime de Léonid Brejnev ( lui-même Ukrainien ).
Mgr Slezyouk fut béatifié par Jean-Paul II, le 27 juin 2001.
* Aujourd' hui Ivano-Frankivsk en ukrainien, Ivano-Frankovsk en russe.
** orthographié en anglais Khomyshyn.
Saint Grégoire le Décapolite est un saint révéré des Eglises d' Orient, particulièrement vénéré en Roumanie, en Grèce et chez les Melkites, et figurant aussi parmi les saints de l' Eglise catholique.
Il naquit à la fin du VIIIème siècle à Irénopolis, l' une des dix villes d' Isaurie + de la région de la Décapole, d' où son nom de " Décapolite ". Il avait embrassé la vie monastique dans son jeune âge et avait suivi la règle cénobitique pendant quatorze ans dans un monastère dont le Supérieur ( ou l' Higoumène en grec ) était un proche parent demeuré fidèle à la vraie Foi en ces temps d' hérésie*.
Il obtint finalement la permission de s' établir comme anachorète ( ou ermite ) dans une grotte, rattaché au monastère qu' il ne regagnait que pour certains offices ou liturgies, comme il était de tradition dans les temps anciens de l' Eglise.
Comme saint Antoine, il fut assailli de tentations alors qu' il était ermite ; mais à la suite d' une vision, il obtint l' impassabilité de la chair - comme un écho de la perfection divine - Il devenait alors plus libre de méditer et de prêcher la parole de Dieu.
Il s' établit à Ephèse, puis se rendit à Constantinople afin de convaincre les iconoclastes, qui étaient favorisés par l' Empereur, de renoncer à leurs erreurs. En effet, depuis le synode de Pâques 814, l' Empereur avait restauré la doctrine de l' iconoclasme et déposé le Patriarche saint Nicéphore.
Grégoire ne put que se rendre aux abords de la ville impériale car il était interdit aux moines fidèles aux culte des images d' y pénétrer. Il alla donc en Thrace et en Macédoine. Il séjourna quelque temps à Thessalonique et continua son pélerinage vers Corinthe, puis l' actuelle Reggio de Calabre pour atteindre Rome.
A Rome, où il resta trois mois, il plaida auprès du Pape saint Léon III la nécessité d' intervenir contre Léon V l' Arménien ( 775-820 ) qui menait à nouveau une politique de répression contre l' Eglise d' Orient et interdisait le culte des images, affaiblissant ainsi la Foi, et en particulier la Foi en la personne humaine du Christ, Rédempteur et Sauveur des Hommes. L' iconoclasme était particulièrement vif en Asie Mineure et en Phrygie, tandis qu' à ses frontières à l' Est le nouvel Islam détruisait lui-aussi toute figuration humaine ou divine...
Saint Grégoire le Décapolite partit ensuite pour Syracuse, car les Romains le sollicitaient de demandes et de prières en foule. Après un temps de solitude et de prières ascétiques, où il avait convaincu une femme de mauvaise vie de devenir moniale, il se rendit à Otrante, alors terre byzantine ; mais il ne put y demeurer car l' évêque était favorable aux iconoclastes et détruisait les icônes, mettant en péril le dogme de l' Incarnation de NSJC.
Saint Grégoire le Décapolite regagna alors Thessalonique. Il s' établit dans l' église de Saint-Ménas et vécut d' aumônes, fuyant la gloire des hommes. Au bout de plusieurs années, il réussit à réunir de nombreux disciples. Il y fit la connaissance de saint Joseph l' Hymnographe - originaire de Sicile - et l' emmena à Constantinople afin de prêcher contre l' iconosclasme.
Lorsque la persécution s' intensifia, Grégoire persuada Joseph de demander l' aide du Pape saint Léon III ( 750-816 ), tandis que lui-même resterait à Constantinople pour défendre la Foi.
Saint Joseph l' Hymnographe partit donc ; mais il fut fait prisonnier par des pirates sarrazins...Réussissant à se libérer au bout de plusieurs années, il partit pour Constantinople retrouver son maître ; mais celui-ci était déjà mort, après avoir été emprisonné.
Désormais saint Joseph l' Hymnographe se consacra à étudier et à répandre l' enseignement de saint Grégoire le Décapolite dont l' hagiographie fut, peu de temps après, écrite par Ignace, diacre de la basilique Sainte-Sophie de Constantinople.
Plus tard, à la chute de Constantinople, les reliques du saint furent transférées dans l' actuelle Roumanie.
* Léon III l' Isaurien ( 675-717-741 ) au début du VIIIème siècle avait pu écrire au pape Grégoire II ( 669-715-731 ) : " Je suis Empereur et Prêtre** " signifiant ainsi que sa fonction d' Empereur était sacrée et qu' il devait veiller à la doctrine. " Le césaro-papisme est une expression byzantine de cette doctrine. A cette époque les Empereurs romains d' Orient voulurent donc purifier la doctrine du culte qu' ils trouvaient dangereux ( le culte des images ) car menaçant leur propre pouvoir. Qualifiant de paganisme et d' idôlatrie l' excès d' adoration des icônes, ils favorisèrent en fait l' hérésie qui ne faisait du Christ qu' un simple esprit éloigné de la condition humaine. Le seul qui finalement devait tirer bénéfice de cette doctrine devait être l' Empereur, c' est-à-dire le Prêtre " politique " veillant sur ses sujets.
Biographie : " Bulletin de la section historique de l' Académie roumaine ", vol XI, 1924, en particulier la page 143.
" La vie de saint Grégoire le Décapolite ", par F. Dvornik, Paris 1926.
** " Imperator sum et sacerdos " cf Lettre XIII de Grégoire II à Léon l' Isaurien.
+ L' Isaurie se trouve en Asie Mineure dans la région des actuels Monts Taurus en Turquie.
Illustration : Pièce d' or rerésentant Léon III l' Isaurien, conservée au Monastère Sainte-Catherine dans le Sinaï.