Ce fut pour elle le début de l' apprentissage de la voie franciscaine qui fut toute sa raison d' être ; mais elle dut quitter le couvent, car elle tomba sérieusement malade. Hélène, toujours volontaire, fit ensuite connaissance, par l' intermédiaire de son directeur spirituel, de la Société de Marie Réparatrice*, Congrégation missionnaire récemment fondée à Strasbourg par la bienheureuse Marie de Jésus d' Oultremont** ( 1818-1878 ). Peu de temps après en 1864, elle entra au noviciat de Toulouse sous le nom de Soeur Marie de la Passion.
Elle fut nommée aux Indes et, après un long voyage en mer, arriva dans la région du Maduré confiée à l' apostolat des Jésuites. A 28 ans, elle était déjà Provinciale et dirigeait les trois maisons des Soeurs dans le subcontinent indien. Pendant neuf ans, elle put mieux comprendre les besoins et les enjeux de la Mission qui avait la particularité de former une branche de religieuses autochtones. Elle était humaine et pragmatique. En 1874, elle ouvrit une quatrième maison, dans une région où vivaient des peuplades de montagnards coupés de la civilisation.
Deux ans plus tard, une scission eut lieu au sein de la Société. Deux groupes s' opposèrent : Mère Marie de la Passion, avec la vingtaine de Soeurs de la nouvelle fondation dut quitter la Congrégation...Elles restèrent néanmoins protégées et conseillés par le Vicaire apostolique, issu des Missions Etrangères de Paris, Mgr Bardou.
Avec trois compagnes, elle se rendit à Rome pour obtenir la permission de ne pas étre sécularisées. Ces femmes courageuses ne voulaient pas renoncer à leurs voeux. Conseillée et soutenue, Mère Marie de la Passion mit sur pied une nouvelle Société missionnaire à partir de ce groupe dissident : les Missionnaires de Marie. Le bienheureux Pie IX fit savoir en 1877 qu' il approuvait cette fondation. Un noviciat fut ouvert en France à Saint-Brieuc, et en 1882 une maison ouverte à Rome. Cette même année, Mère Marie de la Passion fut admise dans le Tiers Ordre franciscain. Elle renouait avec sa vocation première.
Mais d' autres difficultés allaient apparaître. Mère Marie fut destituée de sa charge de Supérieure générale...pour finalement être réintégrée quelque temps plus tard, tandis que la nouvelle Congrégation était enfin acceptée dans la famille franciscaine. Les Soeurs essaimèrent sur tous les continents, en Afrique et en Chine notamment. A la mort de Mère Marie, le 15 novembre 1904 à San Rémo, la Congrégation comptait 86 maisons.
Cette Congrégation missionnaire, extrêmement populaire au début du siècle passé, fut l' une des Congrégations féminines les plus dynamiques jusqu' au milieu du XXème siècle. Elle est encore aujourd' hui la Congrégation missionnaire féminine la plus nombreuse. Dans chaque maison, hôpital, école ou maison de retraite, l' adoration du Saint- Sacrement est le centre de la vie spirituelle des Soeurs.
Aujourd' hui les Franciscaines Missionnaires de Marie se trouvent dans 76 pays et sont environ 7000. Les religieuses les plus nombreuses sont en Asie. Leur fondatrice, au caractère si trempé, fut béatifiée par Jean-Paul II en 2002. Sa dépouille repose dans un oratoire privé de la Maison généralice à Rome.
Lien :
http://www.fmm.org
* De spiritualité ignatienne, elles sont aujourd' hui 850 dans 23 pays du monde et une quarantaine en France.
** Fêtée le 22 février.